15

 

Penser à une puissance, c’est déjà, non seulement s’en servir, c’est surtout en abuser.

Gaston Bachelard

La Psychanalyse du feu.

 

Deux vieux marchands étaient tapis dans une entrée de maison, essayant de se protéger et de protéger leurs denrées contre la panique de la foule qui progressait en force vers le Périmètre. Le premier mâchonnait un biscuit sec à moitié écrasé tandis que le second pressait contre sa manche son nez ensanglanté.

— Des animaux ! Voilà ce qu’ils sont devenus ! fit Torvin en crachant du sang. Y en a-t-il un seul qui ne se soit pas transformé en animal ? À part toi, mon ami. Tu es resté un être humain.

De sa main libre, il donna une légère tape sur l’épaule de l’autre et découvrit une profonde déchirure dans le tissu de sa veste.

— Regarde ta veste, David.

Celui-ci épousseta les miettes sur son menton et tira sur l’épaule de son vêtement pour l’amener à proximité de son bon œil.

— Ça se répare, dit-il. Et le gros de la foule est passé. S’il y a des morts, mon ami, nous aurons à ramasser les cartes, pour les pauvres.

— Pas question que j’aille là-bas.

La voix de Torvin était étouffée par sa manche, mais David savait qu’il était résolu sur ce point. C’était peut-être aussi bien comme ça. Il n’y voyait presque plus et ses jambes n’étaient pas assez rapides pour échapper à la sécurité. Quelle honte, quand c’étaient les gardes de la sécurité qui mettaient la main sur ces cartes. Ils les revendaient ou les troquaient au marché noir. Chaque jour, Torvin et David risquaient leur vie en donnant à un affamé sans carte un morceau de biscuit rance ou un bout d’écorce de fruit séchée. David secoua la tête.

Quelle folie !

Il travaillait juste à côté de Torvin, ils étaient amis et cependant il n’avait pas le droit de lui échanger un biscuit contre un fruit sec. Il fallait un tampon sur sa carte pour qu’il ait droit au fruit et Torvin devait y mettre son poinçon avant de le lui donner. De même, si Torvin n’avait pas sur sa carte le tampon pour les biscuits, David n’avait pas le droit de lui en donner. Pour Torvin, être trouvé en possession d’un biscuit sans le poinçon correspondant sur sa carte signifiait qu’il pourrait perdre son prochain tour dans la File. Au mieux, il ne s’attendait pas à être admis dans la File avant une semaine. Au pis, il crèverait de faim avec une poignée de points-rations dans la main.

— Tout cela est complètement fou ! dit-il à Torvin. Il est heureux que je sois vieux et prêt à mourir, car ce monde n’a plus aucun sens pour moi. Nos enfants passent leur temps à s’entre-tuer. Il est admis qu’il y ait de la nourriture sur une table mais pas sur l’autre. Nous sommes dirigés par un homme qui ôte le pain de la bouche des enfants pour pouvoir voyager jusqu’aux étoiles. Bon débarras, en ce qui me concerne. Mais que laissera-t-il derrière lui ? Ses victimes, qui sont aussi nos enfants. Explique-moi un peu ça, Torvin.

— Bah !

La manche de tissu bleu délavé de Torvin était encroûtée de sang coagulé, mais son saignement de nez avait cessé. D’après la manière dont il avait dit : « Bah ! », David savait qu’il avait à présent le nez bouché. Il se souvenait du jour où un homme de la sécurité l’avait frappé au visage et où le goût âcre du sang avait soudain envahi ses narines.

— Tu penses trop, cela va t’attirer des ennuis, le prévint Torvin. Mieux vaut nous en tenir à sécher nos rations de fruits et à faire cuire nos biscuits en étant reconnaissants de ce que nos familles ont de quoi se nourrir.

— Reconnaissants ? fit David en émettant un de ces rires sifflants dont il avait le secret. Tu n’es plus un jeunot, Torvin. Qui t’a appris à être reconnaissant de ce que tu manges alors que quelqu’un, de l’autre côté du mur, crève de faim ? Il n’existe pas de plus grand péché au monde, mon ami, que de se remplir l’estomac quand ton voisin n’a rien à se mettre sous la dent.

— Nous procurons des cartes aux pauvres…

— Des détrousseurs de cadavres ! Voilà ce que nous sommes ! Voilà ce qu’ils ont fait de nous ! De vulgaires détrousseurs passibles de la peine de mort pour avoir lancé des miettes à ceux qui ont faim. C’est insensé, Torvin. Tellement insensé que ce que cette foule est en train de faire me paraît presque sensé par comparaison. Tout saccager et repartir de zéro. Ils ont réellement faim, tout de suite !

— Ces… bêtes féroces qui m’ont piétiné, on ne peut pas dire que ces gens-là ont faim. Ils ont des cartes. Ils travaillent en bas et nous les voyons passer chaque jour. Où vont-ils donc, en répétant leur slogan : « Nous avons faim, tout de suite », alors que…

— Écoute-moi bien, Torvin. Écoute ce que te dit un vieillard devenu gâteux. Tu es vieux, toi aussi, bien que tu le sois moins que moi. Aurais-tu donné quelque chose à ces gens, si tu avais pu ?

Torvin passa prudemment la tête hors de l’entrée de la maison, regarda à gauche et à droite et se renfonça dans l’ombre.

— Tu sais bien que oui, dit-il. Tu me connais depuis longtemps. Je ne suis pas cupide. J’ai déjà fait ce dont tu parles.

— Écoute-moi bien, mon vieux. Cette foule en furie, c’est vrai qu’elle a des cartes. Ceux qui sont là rapportent un peu à manger à la maison. Presque assez pour quatre personnes. Mais s’ils sont six, huit, dix, la carte ne leur donne pas plus que pour quatre personnes.

— Nul ne trouve à redire à cela, fit Torvin. Nous ne pouvons pas nous reproduire comme des…

— Quand toi et moi nous serons trop vieux et obligés de vivre avec nos enfants, que Nef nous en préserve le plus longtemps possible, cela fera une bouche de plus à nourrir avec une carte pour quatre. Et si tu prends en plus un réfugié sans carte, mon vieil ami, ça en fera six, alors que la moyenne, pour les gens qui ont des cartes, est de huit par carte.

— Ceux qui n’en ont pas, les pouilleux qui crèvent aux portes de la colonie en mendiant un peu de nourriture ou de travail, ceux qui dorment à même la terre n’ont même pas la force de parcourir les rues pour crier leur faim. Ils tiennent à peine debout. Nous leur distribuons quelques miettes pour nous sentir moins coupables, moins honteux. Mais cette foule donne sa vie, sa voix à ceux qui ont faim. Elle leur donne tout ce qu’elle possède.

David se pencha en avant en s’appuyant lourdement sur sa tablette repliée pour se redresser. La foule était passée. Si son âge le lui avait permis, il l’aurait sans doute suivie. Il se tourna vers Torvin, qui se touchait prudemment le nez du bout du doigt.

— Ces gens-là me font peur, David. Ils auraient pu nous mettre en pièces. Je t’assure.

Sa voix sonnait comme s’il avait des bouchons dans les narines.

David haussa les épaules.

— Ils ont peur, eux aussi, parce que la carte ne leur donne droit qu’à une place dans la File, et seulement quand c’est leur tour. Sans carte, combien de temps crois-tu qu’il se passerait avant que toi et moi nous nous retrouvions dans la fange en bordure de la colonie ? Combien de nuits pourrais-tu passer à la belle étoile, Torvin, en te réveillant vivant le lendemain matin ?

Torvin tâta de nouveau l’arête de son nez et fit la grimace.

— Je n’aime pas ça, David. Je n’aime pas qu’on me donne des coups.

— N’en fais pas un tel drame. Cet homme s’est fait pousser. Tu étais caché sous ta table et ton nez en a heurté le coin. Je n’appelle pas ça donner des coups. Prends le Poète, là-bas. Lui, on peut dire qu’il a reçu des coups.

David indiquait du menton une silhouette indistincte qui se tenait dans l’ombre d’un porche, de l’autre côté de la rue. Il n’y avait maintenant presque plus personne sur la chaussée à part quelques retardataires qui couraient pour rattraper les autres en zigzaguant afin d’éviter les bâtons étourdisseurs de la sécurité. La File devant le magasin était déjà en train de se reformer tandis que les plus téméraires, ou peut-être les plus affamés, sortaient de l’ombre où ils se cachaient.

Un seul adulte, accompagné d’un enfant par carte, avait le droit de se mettre dans la File. La corvée retombait généralement sur le membre au chômage le plus vigoureux de la famille. Celui qui se dévouait devait être capable de transporter quinze jours de provisions pour huit personnes ou plus. La protection de la sécurité jouait tant qu’on était à l’intérieur de la File, mais elle était plus qu’épisodique ailleurs, de sorte qu’il y avait en réalité deux files dans la rue, l’une pour entrer et l’autre pour sortir.

Les marchands accrédités comme David et Torvin travaillaient le long de la File avec ceux qui redoutaient de ne pouvoir entrer aujourd’hui ou qui voulaient rapporter quelque chose d’un peu différent à leurs moutards.

Celui qu’on appelait le « Poète », sur le trottoir d’en face, arpentait inlassablement la rue, chaque jour, devant la File, vociférant des propos sur Nef et prophétisant son retour. Il prenait grand soin de ne jamais rien dire contre le Projet Spationef de Flatterie. Il avait eu le malheur de le faire une fois et il était revenu brisé, incapable, depuis, de se tenir droit. Quand il se déplaçait, il était presque plié en deux à la taille et ses pieds décrivaient, sans décoller du sol, un mouvement circulaire qui le faisait avancer en crabe. David l’entendit crier à l’extrémité de la File déjà nombreuse :

— J’ai gravi la montagne jusqu’à son sommet ! Que résonne le nom de la liberté !

— Celui-là ? dit Torvin en reniflant, ce qui fit de nouveau saigner son nez. Il est surtout allé rouler trop souvent dans la poussière de spores.

David eut un sourire à l’adresse de son ami. Ils avaient à peu près le même âge, la soixantaine. Mais il ne connaissait pas Torvin depuis tellement longtemps. Il y avait beaucoup de choses qu’il ne lui avait jamais dites.

— Ils m’ont pris, une fois, murmura-t-il. Un type de la sécurité voulait des biscuits sans carte et je les lui ai refusés. Je savais que si j’acceptais, il reviendrait tous les jours. Mais il ne m’a pas lâché. Comme je préférais les donner aux pauvres plutôt qu’à lui, j’ai fait quelque chose de stupide. Je les ai lancés au milieu de la File et ça a créé la panique. Je savais bien que j’allais me faire arrêter, mais je n’avais pas songé aux autres. Ils ont fini par rassembler tous ceux qui étaient en possession d’un biscuit sans poinçon sur leur carte et par les arrêter.

Le visage de Torvin avait pâli.

— Mon pauvre ami. J’ignorais… Que t’ont-ils fait ensuite ?

— Ils m’ont emmené dans une remise avec des compartiments séparés par des rideaux. Dans chacun, ils étaient en train de faire quelque chose à quelqu’un. Il y avait des cris terribles. Et une puanteur…

David prit une profonde inspiration puis expira lentement. Le Poète gesticulait toujours en haranguant la File dans l’ombre de son porche.

— Il était là aussi, reprit David. Juste dans le compartiment voisin. C’était un homme important, à la tête de toute l’holovision. Le Directeur l’avait évincé – je ne le savais pas encore – et cet homme avait déclaré à l’antenne que Flatterie voulait faire subir un lavage de cerveau au monde entier.

— Un homme courageux, dit Torvin, considérant le Poète sous un jour nouveau.

— Un imbécile, plutôt, fit David. Il aurait été mieux inspiré en cherchant à se battre de l’intérieur, ou en faisant comme ceux de la Voix de l’Ombre. Il aurait dû prévoir ce qui allait se passer.

David épousseta son pantalon élimé, remit sa toque et s’adossa au mur de l’entrée de maison, le regard lointain et la voix faible.

— Je vais te dire ce qu’ils lui ont fait, finalement, reprit-il. Ils l’ont mis à l’intérieur d’un fût de métal, plié en deux, un bloc de béton attaché à ses testicules. Le fût était sans fond, il pouvait donc le déplacer en le faisant glisser sur le sol, mais il était obligé de rester courbé, les genoux plies, pour éviter de faire porter tout le poids sur ses testicules. Ils lui avaient lié les mains dans le dos et, toute la journée, ils n’arrêtaient pas de donner des coups sur le fût avec leurs matraques. Ils le nourrissaient rarement ; et quand ils le faisaient, il devait se baisser pour boire et pour manger à l’intérieur de son fût, à même le sol, comme un animal. C’était un homme instruit. Je ne l’ai jamais entendu proférer le moindre juron. Il se contentait de prier. Il priait tous les dieux dont j’ai entendu parler, plus quelques-uns que je ne connais pas. Ils l’ont rendu fou pour le discréditer. Qui croit aux histoires que raconte un fou ? Surtout un fou qui se nourrit d’ordures, d’insectes ou de vermine pour demeurer en vie.

L’espace de plusieurs battements, Torvin demeura silencieux. Il digérait ce que son ami venait de lui apprendre. Le Poète, pendant ce temps, continuait de déblatérer, ignoré des quelques gardes de la sécurité qui patrouillaient aux alentours.

— Mon ami, lui dit Torvin, que t’ont-ils… As-tu été… ?

— Ils m’ont battu, c’est tout, lui répondit David. Ils m’ont relâché le lendemain, après m’avoir inculpé d’insubordination. Je ne pense pas que l’officier faisait vraiment confiance au garde qui m’a accusé. Quoi qu’il en soit, on ne l’a plus jamais revu dans le quartier. Regarde, tout est calme, à présent. Nous devrions essayer de vendre ce que nous pourrons. J’aimerais rentrer de bonne heure voir s’il n’est rien arrivé à mon Annie. Et puis, elle s’inquiète pour moi quand il se passe des choses dans la rue.

Les deux hommes passèrent autour de leur taille leurs tablettes pliantes, sur lesquelles ils disposèrent en hâte leurs marchandises. Tandis qu’ils s’avançaient dans la boue de la rue, Torvin entendit la voix rauque du Poète qui leur criait :

— Que résonne le nom de la liberté, mes frères !

Le Facteur ascension
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